D’aucuns sont arrivés à la conclusion que l’espace est sphérique, mais leurs principes et méthodes leur interdisent l’accès à une vérité pourtant fondamentale sans laquelle toute spéculation sur le devenir du monde et des choses reste vaine, à savoir que le temps est circulaire également, comme d’ailleurs tout ce qui relève de Mâyâ. Un Indien, en parlant du « Grand-Esprit », a fait remarquer très justement que « tout ce que fait le Pouvoir du Monde est fait en cercle. Le Ciel est rond… Même les saisons forment un grand cercle dans leur ronde, et elles reviennent toujours à leur point de départ»1. C’est ainsi que tout ce qui existe procède par mouvements giratoires, tout jaillit de l’Absolu et retourne à l’Absolu2; c’est parce que le relatif ne se conçoit que comme une « sortie circulaire » — donc passagère puisque ramenée à sa source — hors de l’Absolu, que l’espace est rond, et que les créatures rencontrent à la fin de leur vie le néant dont elles sont sorties, puis l’Absolu qui leur a prêté l’existence. Dire que l’homme est relatif — ce qui est un pléonasme, puisqu’il existe — revient à dire qu’il rencontrera inéluctablement l’Absolu ; la relativité est un cercle, et le premier de tous les cercles ; Mâyâ peut être décrite symboliquement comme un grand mouvement circulaire et aussi comme un état sphérique3. La mort ne peut détruire l’ego, sans quoi il serait possible d’anéantir matériellement l’esprit, donc aussi de le créer matériellement ; hypothèse insensée, le « moins » n’ayant pas — au delà du domaine quantitatif — de pouvoir absolu sur le « plus ». Suivant son degré de conformité à son Origine, la créature sera retenue ou rejetée par le Créateur ; et l’Existence totale retournera finalement, avec l’Être lui-même, dans l’infinité du Soi. Mâyâ retourne à Atma, bien qu’ à rigoureusement parler, rien ne puisse sortir d ’Atma ni par conséquent y retourner. (FSRMA)
Black Elk (Héhaka Sapa) dans Black Elk Speaks (New York, 1932). ↩
Il faut toujours tenir compte de la différence entre l’« Absolu relatif » qu’est l’Etre créateur et l’« Absolu pur » qu’est le Non-Etre, l’Essence, le Soi ; c’est toute la différence entre la « fin du monde » et l’apocatastase, ou entre le pralaya et le mahâpralaya. ↩
Ce qui correspond exactement aux diagrammes bouddhiques de la « ronde de l’Existence » ou de la « roue des choses ». Le samsâra est un cercle en même temps qu’une rotation. ↩